“Combien de jours pouvez-vous survivre sans votre salaire ?”

Cette question pourrait être le pitch du livre “Cashflow Quadrant”, car de la réponse découle tout le reste du livre.
La réponse pour une famille américaine type de 2012 : moins de 3 mois.
Lentement, méthodiquement, l’auteur – Robert Kiyosaki – déroule les sources et les conséquences de ce constat. Il invite surtout ses lecteurs à ouvrir les yeux sur la réalité de la société et du système dans lequel nous vivons : le capitalisme. Pour jouer à un jeu, il vaut mieux en connaître les règles, et c’est ce que propose ce livre. Connaître les vraies règles du jeu de nos vies.

devenir financièrement indépendantKiyosaki est-il un révolutionnaire critique du monde actuel ? Pas vraiment, puisqu’il incite plutôt les lecteurs à s’approprier le système, à en comprendre les règles du jeu et à se faire une place au soleil. L’approche de Kiyosaki mêle une part de théorie pure (surtout au début pour expliquer la société sous l’angle économique), avec des mots très simples, et une partie plus concrète, basée sur des exemples.

Kiyosa… qui ?

Robert Kiyosaki n’est pas très connu en France, alors qu’aux États-Unis c’est l’un des grands gourous de l’indépendance financière personnelle.

Kiyosaki est né en 1947 (65 ans en 2012) et fait partie de ce que les Américains appellent les “motivational speaker”, ces gourous light qui cherchent à faire prendre conscience aux gens que la vie est courte et qu’il faut se bouger pour réussir au lieu de regarder la télé. Il a percé avec le livre “Rich Dad, Poor Dad” – dont Cashflow Quadrant est la suite.

Son credo : instruire la masse sur les mécanismes concrets de l’économie pour permettre aux gens d’investir même modestement et réussir à devenir riche. Il démontre que des opportunités existent et ne sont pas utilisées par les gens par peur de l’inconnu.

Après un début dans l’Armée, Kiyosaki est devenu un serial entrepreneur de petites entreprises ne nécessitant pas beaucoup de capital (des accessoires pour surfeurs, des t-shirts, etc), avant de devenir investisseur dans l’or, l’immobilier et plus récemment l’énergie solaire.

Au fur et à mesure de ses expériences, il a commencé à bâtir une société de coaching (livres, jeux, conférences, séminaires) – Rich Dad. Il pense que seuls ceux qui sont passés d’un état à un autre – ceux qui ont traversé – peuvent prétendre aider les autres.

Vous pouvez trouver sa bio plus complète sur Wikipedia (en anglais) : Robert Kiyosaki.

A qui s’adresse Cashflow Quadrant ?

Beaucoup de personnes aspirent à changer de vie, à monter leur business, à vivre “plus grand”. Mais cette envie demeure floue, comme un puzzle dont on n’a qu’une vision partielle. Ce livre permet d’avoir une meilleure vision des évidences qui nous entourent.

Eléments clés de Cashflow Quadrant.

En faisant réaliser aux gens la réalité de leurs conditions et les limites que leur impose la société, Kiyosaki incite au changement.

Il utilise un mode narratif basé sur sa vie et l’exemple de deux hommes : son père biologique (cultivé et pauvre) et son père riche (un ami de la famille, pas diplômé et entrepreneur à succès). Kiyosaki met en scène des échanges de son double plus jeune avec ces deux hommes, pour tenter de nous faire comprendre les pièges de la société.

Pour illustrer ses propos, Kiyosaki se réfère à un cadran, une division en 4 parties de l’espèce humaine. Même si l’auteur prend de multiples précautions pour affirmer que certaines personnes peuvent tout à fait heureuses et compétentes dans tous les coins du cadran, on sent très vite qu’il ne fait pas bon être dans le premier cas : le “E”, c’est-à-dire les Employés salariés.

Le salariat comme pire mode de vie.

Kiyosaki rappelle la notion de “temps” comme valeur marchande. Il fait prendre conscience que le temps est la denrée la plus précieuse que l’on puisse avoir, puisque notre vie est une ressource finie, que l’on ponctionne jusqu’à épuisement des réserves. En tant que salarié, on accepte donc de vendre sa vie en échange d’un salaire (souvent moyen) à son patron. Et en échange de quoi ? L’illusion de sécurité.

L’employé modèle fait un deal avec la société toute sa vie : “en échange de mon salaire, garantissez-moi la sécurité et la retraite”. Kiyosaki explique au passage pourquoi il pense que les retraites ne tiendront jamais le choc dans les années à venir et quel scénario catastrophe auquel s’attendre. Le problème, c’est que dans ce système qui s’écroule, les employés seront les plus touchés.

L’auteur ne met jamais en cause le système lui-même ou envisage un changement. Il marque des points en revanche sur le fait que les salariés sentent bien qu’une catastrophe arrive, mais ne parviennent pas à sortir du cadre que la société leur a prévu. Et les pères et mères souhaitent encore sincèrement pour leurs enfants un modèle cassé : “qu’il fasse des études, qu’il ait de bonnes notes, et qu’il trouve un boulot protégé, si possible fonctionnaire”.

L’Etat et l’Ecole, grands fautifs.

Kiyosaki s’en prend beaucoup à l’école, qu’il présente comme un système créé par l’État pour fournir de la main-d’œuvre aux entreprises. La conséquence de cet objectif est une éducation basée sur la peur de l’échec, la peur de l’erreur. Il démontre qu’un étudiant qui a été formé pendant des années à minimiser les risques (les erreurs) est structurellement conditionné pour chercher la sécurité et ne pas innover. On nous apprend à craindre l’erreur, qui est sanctionnée par une mauvaise note, alors que l’erreur suivie d’action est la principale source d’amélioration dans toutes les activités humaines.

Thomas Edison (l’inventeur de l’ampoule) disait : “Je n’ai pas échoué 1014 fois en cherchant l’ampoule, j’ai trouvé avec succès ce qui ne marchait pas 1014 fois”.

L’illusion de la retraite.

Les gens pensent qu’ils investissent pour leur retraite. L’auteur incite à réaliser qu’il ne s’agit pas d’un investissement, mais d’un espoir. L’espoir qu’au moment de la retraite l’argent qu’on a déposé sera toujours là. Un pari risqué sur lequel les salariés investissent pourtant toute leur vie. Que se passera-t-il le jour où l’Etat ne pourra plus respecter sa promesse ?

Impossible ? Pourtant, avec la crise européenne l’Italie et la Grèce ont annoncé des sacrifices terribles sur les retraites. La ministre italienne, pourtant libérale endurcie a pleuré en annonçant la nouvelle. Même avec une inflation faible, que vont faire les millions de retraités ?

Les indépendants.

Graphistes indépendants, consultants freelances, dentistes, maçons, avocats… ne sont guère mieux lotis. Kiyosaki explique en effet que les professionnels indépendants sont eux aussi prisonniers. Certes ils ont une plus grande liberté, souvent un meilleur salaire, mais leurs bénéfices restent quand même liés au temps qu’ils sont prêts à sacrifier. Pour gagner plus, l’indépendant doit travailler comme un forcené.
Un indépendant ne peut pas partir un an en vacances, revenir et retrouver son business intact. Tout aura périclité.

Le business man.

Le statut d’homme d’affaires est beaucoup plus enviable, mais quelle est la différence concrète avec un indépendant ? Le système. Kiyosaki prend l’exemple de McDonald. Pouvez vous faire de meilleurs hamburgers que McDonald ? Probablement. Pouvez-vous battre le système mis en place par McDonald pour vendre ses hamburgers ? Probablement pas.

Le succès réside donc dans la délégation et l’automatisation des tâches. L’idée générale est de commencer à ne plus consommer son temps, mais celui des autres. Tout ceci demande du temps et un peu d’argent, mais les gains sont substantiels : votre temps est le plus précieux et en vous libérant des tâches fonctionnelles, vous vous concentrez sur la stratégie et la vision d’ensemble.

Mais alors, pourquoi tout le monde ne lance-t-il pas un business ? Parce qu’il faut trouver une idée ou un angle de vente et que c’est effrayant, parce que le nombre de nouvelles compétences à acquérir est élevé, parce que la masse de travail et de détail à régler est considérable… alors qu’un salaire est si simple.

Nous devrions tous savoir la compta de base.

Pour lutter contre la complexité, vaincre ses peurs et se libérer, Kiyosaki recommande l’éducation. Comment espérer s’en sortir dans une société capitaliste sans rien connaître à la compta d’entreprise ? Fondamentalement, ne s’agit-il pas précisément des règles du jeu, en détail ?

Conclusion sur Cashflow Quadrant.

Un livre de prise de conscience. Aux yeux du maître, le bon valet est celui qui reste toujours valet : il faut agir et briser la répétition des journées identiques pour espérer s’élever et ne plus être un valet. Et la première étape du voyage, c’est de réaliser ce qu’est notre vie.

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